AM I BEAUTIFUL?
13 septembre 2013 — 28 novembre 2013
Paris

7 PHOTOGRAPHES RUSSES EMERGENTS

avec : Oleg DOU, Tina Chevalier, Margo Ovcharenko, 

Dasha Yastrebova, Maria Yastrebova, Sonia & Mark Whitesnow

Pour sa 37eme exposition, la galerie RTR est heureuse de présenter « Am I Beautiful ?», une exposition collective réunissant 30 œuvres de jeunes photographes Russes, pour la plupart inédites, sur le thème de notre rapport à la Beauté.

L'exposition «Am I Beautiful?» présente sept regards d'artistes contemporains, qui sont autant d'approches sur notre manière de concevoir la beauté,   à l'heure de Facebook, de Photoshop, de la prolifération et de l' l'inflation des images artificielles dans notre vie quotidienne.

Fidèle à la ligne artistique de la galerie, « Am I Beautiful ? » regroupe aussi bien des œuvres d'artistes confirmés sur la scène internationale, comme Margo Ovcharenko ou Oleg Dou (qu'elle a découvert et défendu depuis ses débuts) que  de jeunes artistes à la carrière naissante qui pour certains, comme Maria Yastrebova, exposeront leurs œuvres en Europe pour la première fois.

La notion de beauté, abstraite en soi, est devenue aujourd’hui une monnaie, une devise, un rêve accessible et réalisable. En entrant la question « Am I Beautiful ? » dans un moteur de recherche, on se retrouve à répondre à des tests un peu primaires (Etes vous grande ? Mince ? Souriante?), mais non dépourvus de sens car de nos jours la beauté est mesurée, pesée, jugée, valorisée selon des normes établies par les canons du marketing et popularisées à l'échelle de la planète par les directeurs artistiques des campagnes publicitaires.

Si certaines périodes de notre histoire ont érigé l’intellect, le savoir, la science, l’intelligence à égalité avec l'amour du beau, notre époque semble faire fi du sens au profit de l'apparence en privilégiant une consommation ininterrompue d'images qui défilent aussi rapidement qu'elles s'évanouissent. Dans cette exposition, la galerie RTR s’est intéressée à la manière dont les artistes envisagent ce monde et ce rapport à la beauté autant monnayable qu'interchangeable. 

Les jeunes photographes de « Am I Beautiful ? » font partie de cette nouvelle génération d'artistes qui réutilise et réinvente les codes du langage visuel contemporain; qu’ils les poussent à l'extrême comme le fait Oleg Dou, à leurs origines comme Maria Yastrebova, ou à leur essence esthétique comme l'illustre le duo d'artistes Sonia et Mark Whitesnow. Tous, de manière consciente ou non, replacent l’être humain, dans ses contradictions, au centre de leur travail.

Par leur démarche singulière, chacun des artistes propose une réflexion, une alternative à ce questionnement sur la beauté dans un monde à la consommation rapide, frénétique et maladive. Cette exposition a permis de réunir et de faire découvrir toute une génération d'artistes russes que défend la galerie RTR depuis maintenant 7 ans:

Margo Ovcharenko travaille sur le mal-être des jeunes. Elle arrive à extérioriser leurs doutes, leurs souffrances et leur questionnement permanent sur eux-mêmes et leur image. Margo photographie les gens habillés comme s’ils étaient déshabillés et vulnérables, et les gens nus comme enveloppés d'une sorte de protection personnelle.

Les recherches artistiques de Sonia & Mark Whitesnow, artistes autodidactes, sont comme un acte de résistance, une forme d'échappatoire face au quotidien morne, étouffant et dénué de perspectives dans leur petite ville provinciale.  Ils mettent en scène des filles rêveuses, aux genoux brûlés par le soleil, des gymnastes dans des salles de sports venus d’ailleurs dans une atmosphère qui se situe entre le rêve éthéré et la réalité.

Oleg DOU, impitoyable, muni du scalpel Photoshop, va beaucoup plus loin. Les personnages de « Eyes » et « Hair », créatures en suspens, entre deux opérations chirurgicales, distillent une souffrance muette. Sa toute dernière oeuvre intitulée      « Victoria » ressemble, quant à elle, à une Ophelie moderne, noyée dans le sublime de sa pâleur et de sa peau diaphane.

Dasha Yastrebova nous livre, non sans ironie, une série de portraits – d'images médiatisées de femmes « idéales » devenues cultes et de modèles à suivre : « Madone », « Diva » , « Rock Star », « Pin-up », « Lolita ». Autant de poses et d'attitudes, que certaines femmes reprennent, au sacrifice de leur propre style et de leur individualité. 

Le récit de Tina Chevalier intitulé « Christina », présenté sous forme d’un projet multimédia, est à couper le souffle : l’histoire d’une jeune femme de la ville d’Uglitch (en Russie) qui rêve de se marier avec le Prince Harry. Christine a perdu sa mère et vit, telle une sans abri, dans un garage sans électricité ni chauffage. Elle crée elle même tous ses vêtements et accessoires excentriques  ce qui fait d'elle une paria dans cette ville. On éprouve beaucoup de tendresse et d'admiration face à la force mentale et physique de cette femme et cette sensation nous poursuit après avoir vu la vidéo. Cette vie marginale et ce mode de résistance active l’exclut du système russe, qui, de manière cruelle, condamne et ridiculise ces parcours atypiques. 

La plus jeunes des 7 artistes, Maria Yastrebova n’a que 19 ans et nous présente sa série photographique intitulée « Mordysh » (qui n'est pas sans rappeler l'esthétique des anciennes cartes postales) ,  réalisée durant l’été 2011. Elle a passé l'été avec des enfants dans cette campagne et, à partir de rien, sans aucun outil moderne, elle s'est mise à jouer avec eux et les photographier, en les faisant voyager dans un monde onirique, un univers de conte de fées, ou même la plus pauvre des paysannes peut devenir une princesse. Ces enfants, comme tous les enfants du monde, se sont appropriés cette idée et ont confectionné eux même leurs costumes, construit leur personnage et développé des histoires.

Maria Yastrebova, artiste en quête constante de beauté, est une des rares photographes de cette génération qui arrive à magnifier la réalité avec des moyens très simples : un appareil ordinaire, une pellicule périmée. Malgré son jeune âge, Maria Yastrebova croit fermement qu'il faut redonner un peu de poésie et d'espoir pour un monde meilleur, un "better ending".
« Je veux que mes photos soient belles, que les gens dessus soient beaux ». Un programme à contre-courant, qui exigera d'elle une constante force de caractère.