Pavel Banka "INFINITÉ / AU-DELÀ DE L'INFINI
15 Mai 2013 — 30 juillet 2013
Paris

La galerie RTR présente l’exposition personnelle du photographe tchèque Pavel BANKA, intitulée « INFINITY / BEYOND INFINITY ». 20 images en noir et blanc de la série du même nom, prises sur la côte du Pacifique au nord-ouest des Etats-Unis entre 1997 et 1999. 3 nouvelles images, qui n'avaient jamais été montrées auparavant, font également partie de l’exposition, et ont été réalisées sur la base des anciennes images à l’aide de la manipulation digitale.

Pavel Baňka est né en 1941 à Prague, et a eu plusieurs « vies » créatives, qui s’entremêlent depuis des décennies. D’abord photographe, mais aussi professeur, mentor, il encourage des générations d'artistes. Il a également été curateur pour diverses expositions et auteur de nombreux textes. Pavel Baňka est un électron libre très actif, qui a exploré différentes écritures photographiques. Il est l'incarnation de cet esprit créatif tchèque, en quête d'indépendance et de spécificité, qui s’adapte sans se conformer, inspire  et innove. 

Les différentes expériences photographiques que Baňka a réalisés tout au long de sa carrière font s’alterner la révélation d’images issues de son imagination et celles captées dans la réalité. Parmi ces photographies certaines ont pour intention première d'apporter une vision documentaire de la réalité : on y retrouve ainsi des séries de portraits, des vues d’intérieurs ou de périphéries urbaines prises dans différents pays.

« Par le passé, même si j’en reconnaissais sa beauté, je considérais la photographie de paysage comme étant quelque peu limitée par rapport à mes propres objectifs en raison de sa description littérale de la nature. J’ai finalement été "challengé" par l’opportunité de photographier la côte de l'Oregon au cours de mes six long mois de résidence entre 1997 et 1998, puis à nouveau pendant quatre mois en 1999. J’ai décidé alors, qu’au lieu d'enregistrer la réalité de la nature je pouvais essayer d'enregistrer ma propre « perception » de celle-ci. Je voyais les océans, les forêts, les herbes des champs, et le ciel. Ce qui me fascinait, c'est que tout était en mouvement constant, tout était changeant à chaque instant et répondait au vent, au temps et à la lumière. J'ai procédé à diverses expérimentations afin d’intégrer le mouvement et le changement dans mes images – grâce à une longue exposition -  je laissais couler l'eau, les feuilles et l'herbe s’animaient, en "peignant" l'image réelle dans l'émulsion du film, j’utilisais mon appareil photo tel un peintre utilise son pinceau pour "toucher" l'image de nombreuses fois par le biais d’expositions répétées. Pour d’autres photographies, j'ai choisi néanmoins de procéder de manière plus conventionnelle. Dans toutes leurs mutations, les photographies de "INFINITY / BEYOND INFINITY" posent  la même question: Est-ce que le paysage est ce que nous voyons et ce que nous considérons comme étant la réalité, ou est-ce ce que nous ressentons en nous y en imprégnant? »

La série « Infinity / Beyond Infinity » faite à un moment et à un endroit très précis, donne la sensation au spectateur d’être en dehors du temps et de  l’espace.  

« Je ne recherche pas un moment crucial ; je multiplie les moments. J’essaie d’atteindre une moyenne – une totalité des perceptions, qui n’est pas objective, mais subjective »

Pavel Baňka tente de réunir sur une seule surface le rêve et la réalité, le réel et l’imaginaire, le physique et le virtuel. 

En fait, hormis quelques vues urbaines, Baňka n’a découvert le paysage en tant que sujet photographique qu’après avoir quitté la République tchèque dans le cadre de résidences dans l’état de l’Oregon. Pour quelqu’un qui a grandi dans un pays dépourvu de mer, les landes sauvages de la côte, les vagues se fracassant sur les rochers et l’horizon s’étendant à l’infini sur l’Océan Pacifique ont dû être de fortes impulsions créatrices et ont engendré les quatre cycles, Forests, Hills and Meadows, Skies and Seascapes,  présentés lors de l’exposition Infinity.

Même si le spectateur est toujours capable d’identifier ce qui a été photographié, la spécificité du lieu se perd.

« Quand il photographie la mer, même la côte et la ligne d’horizon deviennent imperceptibles. Le principal intérêt de l’auteur est de réduire la palette de la nature en une luxurieuse variation de tons noirs et blancs, qui se prolongent à travers l’espace infini de l’océan et du ciel. Et tout comme le photographe américain Alfred Stieglitz avait tenté de le faire dans les années 1930 avec son cycle Equivalents, Baňka cherche à imprégner cette palette de ses propres sentiments ».(Anne Tucker)

Dans la série Ciels on peut y voir un parallèle, dans ces marges noires, avec les vues panoramiques de Prague de Josef Sudek, qui ont inspiré Banka par sa forme même si le résultat est assez différent; les paysages de Banka étant un mélange entre l'existant et fictif. 

Dans  la série "Infinity / Beyond Infinity", Baňka a réussi à créer un rapport à la réalité unique, où les éléments se mélangent jusqu’à l’abstraction, invitant le spectateur à s’y retrouver et s'y immerger.