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Le Monde

"Bel accrochage collectif à la galerie RTR: y sont rassemblées des images qui traitent du corps, contraint ou libéré, de l'ère soviétique jusqu'à aujourd'hui. Au temps de l'URSS, on glorifiait les corps d'athlètes des pionniers, censés ressembler aux sculptures gréco-romaines. Il n'y a qu'en Lituanie, ou l'art est moins surveillé, que le photographe Antanas Sutkus peut montrer des corps oisifs, plus relâchés et sensuels. Dans les années 90, alors que l'URSS s'effondre, Igor Savchenko réinterprète et rephotographie des images anciennes en montrant que, sous les poses codifiées et rigides, se faufilait parfois une sensualité involontaire. A la même époque, le russe Igor Moukhin- une des plus belles découvertes- porte un regard désabusé sur les idéaux soviétiques, avec une série douce-amère recensant les innombrables statues laissées à l'abandon. A partir des années 2000, le corps en Russie est soumis aux canons occidentaux: en témoigne une jeune femme à la sexualité agressive, pin up aux oreilles de lapin et maquillage outré, qu'il a photographiée en 2005. Parmi la jeune génération, enfin, Margo Ovcharenko invente des nymphes moins innocentes qu'elles n'en ont l'air: devant un papier peint bucolique, elle met en scène une jeune fille qui offre son corps nu aux regards. Mais quel corps? Elle a les cheveux teints, la lèvre percée et une culotte qui est en réalité un tatouage coloré".

par Claire Guillot

http://www.lemonde.fr/culture/article/2011/01/26/la-lituanie-sans-fard-d-antanas-sutkus_1470785_3246.html